Les neurosciences auront un rôle à jouer dans l’éducation des enfants

Plusieurs fois, le Ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer s’est exprimé sur la nécessité de se servir des neurosciences afin de transformer les programmes d’enseignement ainsi que les méthodes d’apprentissage. Les neurosciences auraient d’après lui déjà fait leurs preuves, notamment pour la méthode syllabique dans la maîtrise de la lecture, mais également pour l’obtention de certains « savoirs » de manière précoce.

Un ministre convaincu, mais une neuroscience qui divise

Dans une interview donnée à l’Express, Jean-Michel Blanquer s’explique : «  L’une de mes grandes convictions est qu’il est primordial de développer une mémoire de travail très tôt. Comme le démontrent les travaux de recherche en sciences cognitives, sur lesquels on doit s’appuyer, la plasticité du cerveau est particulièrement forte dans les premières années de la vie, beaucoup moins ensuite ». Il estime notamment que les quatre opérations devraient être maîtrisées dés le CP, à savoir, l’addition, la soustraction, la multiplication, mais aussi la division qui à l’heure actuelle enseignée seulement en CM1.

Le ministre pense donc qu’il faut s’appuyer sur des apports scientifiques récents afin de définir les programmes scolaires de la petite enfance. Dés 2008 pourtant, Xavier Darcos avait introduit l’apprentissage précoce des opérations mathématiques, mais il avait été annulé rapidement parce que les élèves oubliaient aussi rapidement qu’ils avaient compris. C’était de simple automatismes, mais qui n’avaient que peu de sens pour les élèves. Les neurosciences seraient alors bénéfiques pour certaines enfants, mais pour une majorité d’entre eux, il faudrait plus de temps pour intégrer la pertinence des opérations de mathématiques basique.

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Respecter le rythme de chaque enfant

Olivier Houdé, professeur de psychologie à l’Université Paris Descartes pense que le ministre à raison, « sur le fond ». Un enfant est capable de comprendre l’arithmétique très tôt, même avant de rentrer à l’école. Il explique donc que c’est « une aberration de ne plus faire d’entraînement cognitif dès la maternelle. »

Il nuance cependant ses propos en indiquant qu’il faut « respecter le rythme de chaque enfant » et imagine qu’il faudrait créer un cycle pour les enfants entre 5 et 8 ans. C’est d’ailleurs ce que font déjà plusieurs pays, et cela permet de ne pénaliser personne, tout en évitant de freiner l’envie d’apprendre des élèves les plus précoces.

Olivier Houdé explique également que la science ne peut pas être imposée aux enseignants. En tant que chercheur utilisant l’imagerie cérébrale et les neurosciences, mais aussi en ayant une formation d’instituteur, il explique que les neurosciences doivent aider le ministre pour progresser dans ses réformes, mais que les recherches doivent être partagées avec les enseignants.

L’idée devra être de discuter entre l’éducation nationale et le monde de la recherche, de prendre en compte les expériences des enseignants, mais aussi de les aider à comprendre comment fonctionne le cerveau des jeunes élèves.

Comprendre pourquoi certaines méthodes ne fonctionnent pas

Olivier Houdé ne souhaite toutefois pas réduire les enfants à leur simple cerveau. Il n’est pas question d’opposer les neurosciences au sciences humaines, cela n’aurait aucun sens. Avec l’imagerie cérébrale on peut quelques fois confirmer les intuitions qu’ont pu avoir certains pédagogues reconnus tel que Montessori, ou bien évaluer des basiques comme l’importance du sommeil dans l’apprentissage.

Les neurosciences ont également permis d’aller un peu plus loin. On sait notamment que l’enseignement magistral fonctionne très mal et qu’il est préférable de travailler en petit groupe, avec de la coopérations et des interactions. C’est ainsi que né l’intérêt et que la curiosité se fait plus grande. Un cerveau curieux apporte de la motivation et la motivation permet de se dépasser. Les neurosciences ont permis de confirmer tout ça.