Campagne présidentielle : Les propositions des candidats en matière de handicap ?
|La présidentielle bat son plein et les candidats avaient jusque-là très peu parlé du handicap. Lundi 3 avril, près d’une centaine d’associations ont souhaité faire entendre la voix des handicapés de France et surtout connaître les projets et les engagements des candidats en matière de handicap. Les onze candidats étaient invités, mais aucun n’est venu personnellement, envoyant à leur place un représentant.
Une façon de plus, malheureusement, de démontrer la place presque inexistante du handicap dans le débat présidentiel. Quoi qu’il en soit, dans tous les programmes, on retrouve quelques propositions à ce sujet. Integrascol vous a préparé un petit récapitulatif.
François Fillon
Sommaire
Le candidat élu des Républicains, souhaite mettre pleinement en œuvre la loi de février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Il pense en effet qu’il s’agit d’une loi fondatrice mais trop peu respectée.
Il indique que la situation des aidants doit évoluer et il prévoit un véritable statut et une formation sur le handicap. La Haute Autorité de Santé (HAS) sera appelée à concevoir un cahier des charges regroupant les « bonnes pratiques d’application obligatoire ». Il compte également mettre en place « des solutions » pour éviter l’épuisement du personnel, sans réellement donner d’explication sur les moyens ou les méthodes.
On trouve également quelques propositions sur la formation et l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Le candidat Fillon souhaite que leur accueil soit amélioré dès la crèche, jusque aux écoles d’enseignement supérieur. Là encore, des professionnels seront formés promet-il, avec des formations adaptées aux situations de handicap.
Il évoque également le besoin d’améliorer l’accessibilité des espaces publics, des établissements de santé et des transports en commun.
François Fillon assure également qu’il désire la création d’un logiciel internet qui permettrait de connaître en temps réel les places disponibles dans les MDPH (Maison Départementales des personnes handicapées), sur l’ensemble du territoire.
Enfin, le candidat des Républicains a affirmé vouloir mettre en place un « plan autisme », sans en expliquer les contours ni les aboutissements.
Emmanuel Macron
C’est l’un des candidats, avec Jean-Luc Melenchon, qui s’est probablement le plus exprimé sur le handicap jusque ici. Emmanuel Macron a assuré qu’il souhaitait lutter efficacement contre la discrimination des personnes handicapées, et qu’il en ferait une « priorité nationale ». Il a ainsi parlé d’un contrôle aléatoire. Le leader d’En Marche a également promis que l’allocation adultes handicapés serait revalorisée, et dépasserait les 900€ par mois.
Pour l’école, Emmanuel Macron souhaite aller vers une « sensibilisation systématique au handicap ». Il va encourager les actions collectives qui permettront aux handicapés d’être toujours mieux acceptés, à l’école, mais aussi dans les administrations et les entreprises.
Le jeune candidat a également exposé le souhait que les personnes aidantes se voient attribuer un « don de RTT » de la part de leurs collègues, et que leur situation soit incluse au moment du calcul de l’âge de départ à la retraite. Il souhaite aussi que l’on puisse identifier un « référent accessible pour chaque personne », et garantir un salaire convenable et décent, ainsi qu’un emploi stable, à tous les auxiliaires de vie scolaire qui accompagnent les enfants handicapés.
L’accessibilité aux espaces publics ainsi qu’aux transports en commun fera également parti de ses priorités. La vie professionnelle doit être simplifiée pour les personnes handicapées, et le candidat souhaite alors que l’État renfloue leur compte d’activité et créer un label pour les formations les plus intéressantes.
L’accès au logement sera également facilité, en faisant en sorte que les bailleurs sociaux soient impliqués dans le projet. Ce sont eux qui auront pour mission d’identifier les logements les plus adaptés, selon les handicaps, et si nécessaire effectuer des travaux ou offrir des solutions de relogement.
Jean-Luc Mélenchon
Le leader de la France Insoumise était malentendant de naissance et cela a été détecté relativement tard. Il expliquait alors que les gens disaient « il est dans la lune ». Jean-Luc Mélenchon n’a donc qu’une seule ambition concernant le handicap : le zéro obstacle. Il s’agit pour lui d’une affaire publique qu’il faut régler le plus rapidement possible et y mettre les moyens nécessaires. Le candidat assure qu’il y aura une « tolérance zéro contre les entraves ».
Il promet une lutte de chaque instant contre les discrimination touchant les personnes handicapés, que ce soit à l’école pour les enfants, en entreprise pour les adultes, et jusque dans les maisons de retraite pour les personnes du 4eme âge.
La promesse est faite que l’allocation aux adultes handicapés sera réévaluée au niveau du SMIC, pour ceux qui sont en incapacité totale d’exercer un métier.
Enfin, il promet qu’il titularisera toutes l’accompagnant d’élèves en situation de handicap, que les équipes d’accueil et d’accompagnement seront renfoncées efficacement pour permettre aux enfants de s’épanouir correctement, de la meilleure des façons.
Benoît Hamon
Le candidat socialiste a annoncé qu’il ferait de l’accessibilité « un des principes de la 6e République ». Il souhaite que les personnes en situation de handicap puissent accéder plus facilement à l’enseignement supérieur, et ce sera un de ses « chantiers prioritaires » pendant son quinquennat.
Benoît Hamon est un ancien ministre de l’Éducation et il se dit donc très attaché au bien-être des enfants handicapés à l’école. Il désire alors que les effectifs soient diminués dans une classe comprenant un ou plusieurs enfants atteints d’un handicap. Pour les entreprises, il souhaite que des postes de travail soient aménagés, tout en favorisant le télétravail.
Son souhait est que la prise en charge dans les Maisons départementales des personnes handicapées soit nettement améliorée. Les mots d’ordre annoncés sont « la simplification, la réduction des délais, la personnalisation, et la participation des usagers ». Des plans d’accueil seront également financés dans les établissements.
Enfin, pour l’allocation aux adultes handicapés, il se montre moins généreux que Jean-Luc Mélenchon ou qu’Emmanuel Macron, puisqu’il prévoit une hausse de 10 %, soit environ 80 euros supplémentaires chaque mois.
Marine Le Pen
La candidate du Front National souhaite revaloriser elle aussi l’allocation aux adultes handicapées, mais elle ne précise pas de combien. Elle pense qu’il est nécessaire d’augmenter les fonds des Maisons départementales de personnes handicapées, et également de gonfler l’aide publique pour les personnes en situation de handicap et leur famille.
La lutte contre la discrimination fait partie de ses promesses de campagne mais le sujet reste très vague, et il n’y a pas de précision sur les moyens d’y parvenir. Idem pour l’accessibilité au travail pour les personnes handicapées. Le sujet sera traité lors du quinquennat, mais on ne sait pas encore comment.
Comme François Fillon, la candidate FN se préoccupe de l’autisme, et elle estime qu’une prise en charge « digne » devra être instaurée. Enfin, Marine Le Pen désire que le droit à l’oubli pour les majeurs en rémission après une affection longue durée, soit allongé à un délai maximal de 5 ans.
Concernant la GPA, la candidate FN est la seule qui veut l’interdire. Aussi Marine Le Pen voudrait refuser la nationalité Française aux personnes nés via une GPA (gestation pour autrui).
Nicolas Dupont-Aignan
Le candidat de Debout la France aura peu communiqué sur le handicap. Il souhaite tout de même que l’Allocation aux adultes handicapés soit augmentée de 200€, afin qu’ils puissent vivre plus dignement. S’il est élu, il accordera également une part fiscale complète pour les familles ayant un enfant en situation de handicap.
Pour les adultes, il souhaite que le télétravail soit développé par les compagnies, afin de fournir des postes plus nombreux à ceux qui ont du mal à se déplacer et sortir de chez eux.
François Asselineau
Le leader de l’UPR (Union Populaire Républicaine), très populaire sur internet, reste relativement vague sur les projets liés au handicap. Il souhaite évidemment « revaloriser les aides » aux personnes en situation de handicap, et soutenir financièrement et via des formations, les aidants.
Les salaires des professionnels de la santé devraient être revalorisés et les allocations seront « pérennisées ».
Il désire également que les communes, les entreprises, mais également les citoyens s’engagent de manière plus efficace et plus concrète pour que les personnes en situation de handicap soient mieux acceptées dans la vie citoyenne.
Philippe Poutou
On trouve quatre mesures en faveur des personnes handicapées dans le programme du candidat du NPA. La première est le respecté d’un quota de 6 % minimum de personnes handicapées dans une société.
Les salaires en dessous de 1 700€ seront tout simplement interdit. Les frais de santé et d’appareillage seront entièrement gratuits.
Enfin, tous les enfants handicapés devront pouvoir bénéficier du droit à l’éducation et à la scolarisation. Les solutions pour y parvenir ne sont pas connues pour l’instant.
Jean Lassalle
Le député désire mettre en place une « politique d’ensemble » pour traiter les handicaps, qui intégrerait les handicaps invisibles. Il promet que les enseignants qui ont en charge des élèves handicapés recevront une formation complète. La prestation de compensation du handicap sera allouée sans aucune limite d’âge.
Le candidat promet d’assurer une allocation pour adulte handicapé minimale, que le conjoint est un bon revenu ou non. Une mesure assez unique figure dans son programme, celle de construire des hébergements de vacance uniquement destinés aux personnes en situation de handicap et aux aidants.
Enfin il souhaite que les équipements urbains soient adaptés aux handicapés, et il autorisera les travaux d’adaptation qui dérogent aux normes, si elles peuvent permettre à quelques handicapés d’en profiter.
Jacques Cheminade
Pour l’instant, lors de cette campagne, le candidat Jacques Cheminade n’a pas traité le sujet du handicap. Cela dit, son programme étant inchangé ou presque depuis 2012, on sait qu’il désire augmenter l’allocation aux adultes handicapés au niveau du SMIC, exactement comme le propose Jean-Luc Mélenchon.
Les Maisons départementales des personnes handicapées auront droit à des moyens plus importants et des places en foyer seront créées pour accueillir dans de meilleures conditions les personnes atteintes d’autismes et nécessitant une attention particulière.
Il souhaite également que les enfants handicapés soient mieux répartis dans les établissements scolaires, afin que le handicap soit mieux appréhendé et que les discriminations diminuent. Avec la présence d’un enfant en situation de handicap par classe, le candidat estime que les autres élèves seront plus facilement sensibilisé.
Nathalie Arthaud
La candidate désire tout d’abord que les enfants en situation de handicap et notamment autistes soient acceptés dans les écoles dès la maternelle. Des postes pour l’accompagnement des élèves handicapés seront créés. Elle promet qu’il y en aura autant que nécessaire et immédiatement.
Nathalie Arthaud va imposer aux « bétonneurs » tels que Bouygues, de réaliser des travaux d’aménagement dans les bâtiments publics, à prix coûtant.
Elle s’engage également à réduire le taux de chômage chez les personnes handicapées. Pour cela, elle souhaite simplement faire appliquer la loi qui oblige théoriquement les entreprises de plus de 20 salariés, à embaucher des personnes en situation de handicap, à hauteur de 6 %.
Pour l’Allocation adulte handicapé, Nathalie Arthaud est la plus généreuse. Elle estime que personne ne devrait toucher moins de 1 800€. Le SMIC sera réévalué à ce niveau, et l’AAH le sera également. Enfin tous les soins et les équipements seront remboursés à hauteur de 100 % par la Sécurité Sociale.