Statines : Utilisation, traitement, risques et effets secondaires

En France, on estime que les personnes ayant un taux de cholestérol trop haut représenteraient près de 35% de la population du pays. Ceci peut partiellement être mis sur le compte du mode de vie moderne, et surtout les habitudes alimentaires qui en découlent : on mange trop gras, et on ne fait pas attention au cholestérol qui s’accumule, encore et toujours.

Pour remédier à l’accumulation du cholestérol, il existe une classe de médicaments appelée « Statines », aussi considérées comme les pénicillines du cœur. Mais qu’est-ce que cette classe de médicament au juste ? Et est-elle inoffensive pour l’organisme humain de manière générale, ou présente-t-elle des risques particuliers ? Traitements, types, dangers des statines, effets secondaires, on vous dit tout ce qu’il faut savoir.

Qu’est-ce que le cholestérol au juste ?

Il s’agit d’un lipide fabriqué par le foie, mais qui peut aussi être assimilé via les aliments. Le cholestérol est transporté par le sang via ce que l’on appelle des lipoprotéines. Il y a deux sortes de cholestérol : le « bon » cholestérol, le HDL ou High Density Lipoprotéines, et le « mauvais », le LDL ou Low Density Lipoprotéines. Un bon équilibre entre les deux cholestérols est essentiel, mais beaucoup de personnes ont un taux bien trop élevé de cholestérol LDL. Le danger avec le cholestérol est que celui-ci finit par boucher les artères, ce qui peut, à terme, conduire à des angines de poitrine, des thromboses, et même un infarctus.

Les statines, qu’est-ce que c’est ?

cholesterole statine

Elles ont été découvertes par Akira Endo et Masao Kuroda en 1973, mais leur capacité à réduire le cholestérol n’a été évoquée qu’à la fin des années 70, et les statines en tant que réducteur de cholestérol ont été commercialisées en 1987.

Il s’agit d’un médicament de la classe principale des hypolipémiants, utilisés pour réduire le cholestérol. On l’appelle aussi inhibiteur de la HMG-CoA Réductase, une enzyme qui va contrôler la production du cholestérol par les cellules hépatiques.

C’est donc un médicament efficace, qui est prescrit aux patients souffrant d’hypercholestérolémie ayant un taux de cholestérol bien trop élevé. Il faut cependant être capable de distinguer le cholestérol alimentaire qui est indispensable au corps et le cholestérol sanguin, où on trouve à la fois du « bon » et du « mauvais » cholestérol.

Lorsqu’on ingère du cholestérol, présent dans les viandes, le beurre, les produits laitiers, les huiles, etc, il est transformé par le foie en lipoprotéines à faible densité (LDL), c’est ce qu’on appelle le mauvais cholestérol. Il passe ensuite par le sang, pour être transmis jusqu’aux cellules, et après avoir été utilisé, il retourne dans le sang sous forme de lipoprotéines à haute densité. On parle alors de bon cholestérol.

Cependant, si trop de mauvais cholestérol est produit, alors il ne sera pas complètement transformé en bon cholestérol, et il restera dans le sang. On fait alors de l’hypercholestérolémie.

Pourquoi prendre un tel traitement et quand ?

Ce type de traitement permet de diminuer efficacement le mauvais cholestérol s’accumulant dans le corps. Selon la HAS, ou Haute Autorité de Santé, les statines permettent de réduire les risques de décès causés par des maladies et accidents cardiovasculaires d’approximativement 10%, mais aussi de réduire les risques d’AVC et infarctus liés au cholestérol de 15 à 23%.

La prise de statines se fait après diagnostic à la suite d’une prise de sang, et les médicaments doivent être prescrits par votre médecin traitant, ou un spécialiste. Bien sûr, les statines ne sont pas données sans raison, et votre médecin se basera sur le niveau de risque global, selon la concentration de LDL-cholestérol dans le sang.

Quels sont les médicaments contenant ces inhibiteurs ?

Il existe plusieurs sortes de médicaments faisant partie de la classe des statines et ils sont facilement identifiables, car ils comportent majoritairement le mot « statine » à la fin de leur nom. Par exemple, on peut retrouver :

  • Lovastatine
  • Cérivastatine
  • Simvastatine
  • Pravastatine
  • Atorvastatine
  • Rosuvastatine
  • Fluvastatine

On mesure notre taux de cholestérol par une analyse de sang. Un excès de ce taux est un facteur de risque cardiovasculaire progressif. Une analyse complète avec l’âge, le sexe, la génétique, les antécédents cardiovasculaires, le poids ou le surpoids, l’abus d’alcool, le tabagisme ou encore le diabète, sont autant de critères qui définissent le risque cardiovasculaire et déterminent les seuils du mauvais cholestérol à ne pas dépasser.

Si l’hypercholestérolémie est liée à une mauvaise alimentation et une mauvaise hygiène de vie, on va d’abord changer de régime alimentaire et essayer de travailler sur nos mauvaises habitudes. Les statines seront utilisées à petites doses au bout de quelques semaines, si le taux de LDL n’a pas baissé.

Dans le cas d’une hypercholestérolémie génétique, qui débute généralement très tôt, à l’âge de 5 ou 6 ans, un traitement à base de statines peut être prescrit pendant plusieurs années et parfois pendant toute une vie, avec des doses adaptées à chaque patient.

Les statines font polémique ?

En effet, tous les experts ne donnent pas les mêmes avis sur les statines, et certains effets secondaires, avérés ou supposés, ont provoqué quelques polémiques. De nombreuses études, ont montré des résultats très différents, ce qui n’est pas idéal pour rassurer un patient.

Cela dit, on sait aujourd’hui que toutes les statines ne se valent pas et on sait que le dosage doit être parfaitement adapté au patient. Certaines études ont été réalisées avec des statines de très mauvaise qualité, et dans des situations qui n’étaient pas forcément adaptées, provoquant alors des résultats souvent décevants. D’autres études, avec des statines de bonne qualité, avec un bon dosage, ont au contraire prouvé leur efficacité.

Des différences entre les statines

statines

 

La Haute Autorité de Santé en France, recommande la simvastatine et la pravastatine en premier choix. Il s’agit tout simplement des statines les mieux évaluées, et ayant les meilleurs résultats avec des taux de mortalité et d’accidents cardiovasculaires plus bas chez les patients les ayant utilisés.

En cas de risque d’interaction médicamenteuse, c’est généralement la pravastatine qui sera prescrite. Des tests sont toujours effectués pour voir si le patient réagit bien au traitement avec une possible augmentation des doses lorsque le traitement est bien toléré.

Pour un traitement de prévention primaire, lorsqu’un patient n’a pas eu d’antécédent cardiovasculaire, c’est la pravastatine qui est une nouvelle fois privilégiée. En revanche, en prévention secondaire, à la suite d’un accident cardiovasculaire, la simvastatine semble être bien plus efficace.

Enfin, il existe 3 autres statines commercialisées en France :

  • La fluvastatine
  • L’atorvastatine
  • La rusovastatine

Elles sont considérées comme moins efficaces en toute situation, mais pour certains patients, selon la dose nécessaire, elles peuvent être plus intéressantes. Le dosage se fait d’après le niveau initial du LDL-cholestérol et de l’objectif que l’on souhaite atteindre. D’un patient à un autre, le type de statine sera différent, et le dosage peut être très variable.

Quels sont les dangers des statines ?

Comme la plupart des médicaments, les statines ne sont pas sans risque et on rencontre parfois des effets secondaires, qui peuvent être très graves, et même mortels dans certaines situations. C’est pour cette raison qu’un médecin va prescrire un traitement avec des doses efficaces aussi faibles que possible, au moins pour débuter, et voir comment le patient réagit au traitement. Voici donc les dangers connus et les effets secondaires suspectés des statines :

Effets secondaires connus

Atteintes musculaires : Des myalgies et des rhabdomyolyses sont observées chez 5 à 10 % des patients sous ézétimide seul ou combiné à une statine.
Atteintes hépatiques : Chez 1 à 3 % des patients sous statines, la fonction hépatique peut être altérée, généralement au début du traitement.
Risque de diabète : On sait depuis 2012, que les statines sont diabétogènes. On estime qu’environ 9 à 15 % des patients déclenchent un diabète à la suite d’un traitement aux statines.

Les atteintes musculaires

Le traitement aux statines peut-être conditionné au taux de créatine phosphokinase (CK) du patient. Cependant, la HAS (Haute Autorité de Santé) estime qu’il n’est pas nécessaire de faire ce contrôle de CK chez tous les patients. On va donc vérifier le taux de CK dans les cas suivants :

  • Le patient est âgé de plus de 70 ans, et il y a possiblement un facteur de risque musculaire.
  • Des douleurs musculaires sont déjà là, avec le moindre traitement.
  • l’abus d’alcool.
  • L’hypothyroïdie.
  • Une insuffisance rénale moyenne à sévère.
  • Des antécédents d’une maladie musculaire génétique dans la famille.

Les atteintes hépatiques

La plupart du temps, les atteintes hépatiques liées à la prise de statines sont très légères et ne durent qu’assez peu de temps. Il est cependant toujours conseillé de mesurer le taux d’enzymes hépatiques chez l’ensemble des patients qui reçoivent un traitement aux statines. Un contrôle sera fait :

  • Avant de débuter le traitement.
  • 6 à 10 semaines après avoir commencé un traitement ou après une augmentation du dosage.
  • Puis tous les ans, si lors des précédents contrôles, les taux d’enzymes hépatiques sont inférieurs à 3 fois les taux normaux.

Dans le cas où les enzymes hépatiques sont trop élevés, mais ne dépassent pas le taux de 3 fois la normale, le patient continue le traitement, mais il devra contrôler son taux d’enzymes hépatiques tous les mois environ.

Si le taux est supérieur ou égal à 3 fois le taux normal, il faut arrêter le traitement ou au moins réduire le dosage, contrôler le taux d’enzyme tous les mois, et recommencer le traitement quand les enzymes seront revenus à un niveau correct.

Le risque de diabète

Le mode d’action des statines provoque un risque relativement important de diabète, mais la HAS estime que le rapport bénéfice/risque reste tout à fait correct pour ne pas se passer de ce type de traitement. L’apparition de diabète sera très souvent favorisée par un facteur à risque qui existe déjà avant le début du traitement. On peut envisager de ne pas utiliser de statines, si :

  • Le taux de glycémie à jeun avant le traitement est supérieur à 5,6 mmol/L.
  • Le patient souffre d’hypertension artérielle.
  • L’IMC (indice de masse corporelle) est supérieur à 30.
  • Les triglycérides sont en augmentation.

Des effets secondaires suspectés

S’il n’y a pas de doute sur les effets secondaires possibles cités plus haut, on suspecte également quelques effets secondaires plus ou moins inquiétants et graves :

  • Une fatigue physique importante, surtout après 7 ans de traitement.
  • Une baisse de la libido chez les hommes et les femmes, et des problèmes d’érection chez l’homme.
  • Des maladies rénales après 8 années de traitement.
  • Des affections oculaires dont la cataracte.
  • Un risque d’accident vasculaire cérébral plus important.
  • On note 12 fois plus de cancer du sein chez les femmes traitées aux statines, et 2 fois plus de cancers de la prostate chez les hommes.
  • Des maladies neurologiques comme Alzheimer ou Parkinson, mais également des dépression, des problèmes de mémoire ou encore des états de
  • démence chez les patients les plus âgés.
  • Des insomnies, des vertiges, des pancréatites, des réactions cutanées ou encore des problèmes des tendons, ont aussi été détectées dans de très rares cas.

Peux-t-on se passer des statines ?

cholesterole statine

Il faut tout d’abord comprendre que les statines fonctionnent en accompagnement de mesures d’hygiène et diététiques. Certains patients considérés comme intolérants, non-répondants ou étant déjà sous un traitement incompatible avec la prise de statines, seront généralement traités avec la cholestyramine ou plus sûrement avec l’ézétimibe. Ce sont des alternatives, mais avec une efficacité moindre que les statines.

On trouve également des aliments qui sont considérés comme des hypocholestérolémiants, tels que les résines, certaines huiles de poisson, ou bien les fibrates, mais des études ont prouvé que ce n’était jamais aussi efficace que les statines. On peut cependant modifier notre alimentation pour intégrer ces aliments, ce qui peut permettre de réduire les doses nécessaires de statines.

On parle aussi de « statine naturelle », pour la levure de riz rouge. En effet, on sait depuis 2013 que cette farine contient de la monacoline K qu’on appelle également lovastatine et qui possède quelques caractéristiques médicamenteuses proches de celles de la famille des statines. C’est cependant un aliment déconseillé par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). L’agence demande notamment de :

  • Ne pas considérer les aliments ou compléments à base de levure de riz rouge comme une alternative médicamenteuse aux statines ou à tout autre traitement.
  • Ne pas combiner la prise de statines à la levure de riz rouge, afin d’éviter un surdosage.
  • Éviter de prendre de la levure de riz rouge, si vous avez dû stopper un traitement aux statines.
  • Ne pas prendre de levure de riz rouge si vous prenez déjà un traitement qui peut interagir avec les statines, comme notamment les fibrates.

Quelles sont les contre-indications ?

Comme tout médicament, les statines ont des contre-indications, et vous devriez éviter les statines si :

  • Vous êtes enceinte
  • Avez plus de 70 ans
  • Êtes mineur
  • Avez une consommation d’alcool élevée.
  • Souffrez d’une insuffisance rénale sévère
  • Souffrez d’une maladie hépatique évolutive
  • Souffrez d’une perturbation du bilan hépatique, ou hypertransaminasémie.

De plus, si vous souffrez de saignement fréquent ou d’une mauvaise coagulation, il est conseillé d’éviter ce type de traitement, ou d’être extrêmement vigilant et d’arrêter si besoin, car les statines peuvent augmenter le risque d’hémorragie.

Quelles sont les précautions à prendre lors d’un traitement aux statines ?

Évitez de mélanger les statines avec certains autres médicaments, tels que la ciclosporine, un immunodépresseur, l’itraconazole et certains antidépresseurs, mais aussi les traitements contre le SIDA. Si vous avez des doutes, partagez-les avec votre médecin, il pourra vous aiguiller et peut-être adapter les traitements si besoin.

De plus, si vous buvez du jus de pamplemousse ou d’un autre agrume, veillez à espacer la prise du médicament d’au moins 2 heures.

Les statines sont-elles vraiment efficaces ?

Oui ! Toutes les études les plus récentes, prouvent l’efficacité des statines. Une controverse refait surface de temps en temps, sans étude à l’appui, expliquant que les risques d’effets secondaires graves sont plus importants que les bénéfices. Ce n’est absolument pas fondé. Au contraire, on sait que les bénéfices sont bien supérieurs aux risques, et on sait surtout qu’il n’y a rien de plus efficaces que les statines contre l’hypercholestérolémie.

Pour les patients ayant un risque cardiovasculaire faible ou modéré, on utilise les statines uniquement en cas d’échec d’un changement d’alimentation. Pour une hypercholestérolémie plutôt modérée, on va toujours essayer de régler le problème par la diététique, et les statines n’arrivent qu’en dernier recours.

En revanche, pour des patients avec un risque cardiovasculaire élevé, on va débuter immédiatement par la prise de statine, combinée forcément à une modification des habitudes alimentaires et de l’hygiène de vie.

(A lire aussi dans notre glossaire : l’hydrocéphalie ou l’albinisme).